FIEF — Seul en scène d'après le roman de David Lopez





    FIEF c’est d’abord un décor, celui de la banlieue "périurbaine", à cheval entre la cité et la campagne. On suit une bande de mecs qui vivent là comme dans un aquarium. Au milieu de cette bande, il y a Jonas et ce qui le différencie des autres c’est qu’il a un talent. C’est un boxeur. Mais FIEF c’est avant tout une chronique à la première personne de ce qui se passe quand il ne se passe rien. L’exploration d’un passage, d’un moment charnière dans la vie de Jonas où il quitte l’innocence et découvre la mélancolie poisseuse de sa situation.

   Dans le roman de David Lopez aucun lieu n’a de nom, les personnages ont tous des surnoms, pourtant nous avons l’impression que l’auteur raconte nos histoires, nos lieux et nos amis. C’est de la classe moyenne qu’il s’agit, ce spectre si large des "ni pauvres ni riches", ceux qui n’ont ni adversaires, ni alliés, ceux qui sont seuls. Cette histoire c’est celle de notre adolescence, celle de nos grands frères et encore celle de certains de nos amis. Et c’est parce que le texte est percutant dans son rythme, dans son humour, dans son utilisation du langage et qu’il laisse un goût doux-amer, que nous avons envie de lui donner un corps et une voix.



    "Chez nous il y a trop de bitume pour qu’on soit de vrais campagnards, mais aussi trop de verdure pour qu’on soit de vraies cailleras. Au regard des villages qui nous entourent, on est des citadins ici, alors qu’au regard de la grande ville, située à un peu moins de cent kilomètres de là, on est des culs-terreux. Personnellement je n’y connais rien en agriculture."


Texte : David Lopez (Éditions du Seuil)
De : Janloup Bernard, Clarisse Bernez-Cambot Labarta et Etienne Bories
Interprétation : Etienne Bories
Régie générale et création lumière : Clarisse Bernez-Cambot Labarta
Régie plateau : Etienne Kimes

Costumes : Charlotte Richard
Soutien et cours de boxe : Mahyar Monshipour Kermani
Scénographie : Clémence Kazémi, Janloup Bernard, Clarisse Bernez-Cambot Labarta
Crédit illustration : Romain Bourguet
Crédit photos : Xavier Cantat

Production déléguée : Le Méta – Centre Dramatique National Poitiers - Nouvelle Aquitaine
Coproduction : Cie 3B
Avec le soutien de l’OARA – Office Artistique Région Nouvelle - Aquitaine, La Méca – Bordeaux, Théâtre des Chimères – Biarritz, Mendi Zolan – Culture Hendaye, Montvidéo – Marseille, Agglo2B – Théâtre du Bocage Bressuirais – Bressuire.

Remerciements aux ateliers du TnBA pour la construction.


Tournée :

19 et 20 octobre 2022 - Le Méta CDN de Poitiers

16 décembre 2022 – Espace Culturel Mendi Zolan, Hendaye

16 mai 2023 – La Méca Bordeaux

3 octobre 2023 – L’ Atrium, Vergt, La Gare Mondiale Bergerac dans le cadre du festival [TrafiK]

28 mars 2024 à – Théâtre du Pays de Morlaix

3, 4 et le 5 avril 2024 – Glob Théâtre, Bordeaux en partenariat avec l’Escale du Livre



Revue de presse :





Sud-Ouest  (4 avril 2024)


La compagnie 3B adapte le roman de David Lopez, chronique d’une jeunesse assaillie par l’ennui dans un monde moyen et périurbain. Un seul-en-scène irréprochable d’Étienne Bories Un canapé fatigué, des bouteilles de bière et des feuilles à rouler sur une table basse, un banc pour figurer un vestiaire. La scénographie de la compagnie 3B (Janloup Bernard et Clarisse Bernez à la mise en scène, Étienne Bories sur le plateau) campe bien le décor de « Fief », roman de David Lopez, chronique douce-amère d’une jeunesse dans une ville périurbaine, ni banlieue, ni campagne, où l’ennui n’est plus une condition, plutôt un art qu’on apprend dès la naissance. Seul-en-scène, l’acteur est Jonas, le narrateur – ni vraiment caillera, ni trop clean – qui raconte sa bande : Untel le voyou, Poto le rappeur, Sucré le placide... Sur le ring et en amour, Jonas a du talent mais il préfère éviter les coups et il manque de souffe, trop de joints sans doute. Étienne Bories a fait de « Fief » son domaine : il incarne sans trop pousser, soigne la fuidité et le rythme du texte. Alors on le suit, on s’identife, on pressent, on ne décroche jamais de ce flow inspiré qui fait d’un échange de beuh, de boxe ou de sexe un vrai moment de poésie, et maintenant de théâtre.

/ Serge Latapy


Sud-Ouest  (17 mai 2023)


Un personnage, un décor. Une toile de fond que chacun d’entre nous a déjà vu, familier : canapé vieillot qui ne sert qu’à s’affaler et boire des bières, table basse jonchée de cadavres et mégots, un mur grisâtre. À gauche, un portant, détonne, rempli de vêtements de sport. L’agencement est crucial : il va rythmer les allers-retours de Jonas, seul gars de sa bande à avoir un talent : il boxe. Jonas, sorte de voix off, raconte l’ennui de ces zones périurbaines, ni en ville, ni à la campagne. Un récit à la première personne, porté par un Étienne Bories habité, qui se démultiplie pour singer ses compagnons de route. Une performance physique, car Étienne Bories ne s’épargne pas : ses uppercuts n’arrêtent pas son monologue. Il arrive à faire de Jonas une vieille connaissance, à la fois drôle et désabusée. On se régale de cette langue si verte, digne d’un Audiard qui aurait rencontré Frédéric Dard. Pour ce premier spectacle, sortie de résidence de l’Oara, la compagnie 3B propose un projet abouti, tant on voit à travers ce seul-en-scène le travail collectif.

/ Emmanuelle Debur

La Terrasse  (17 août 2022)


En assumant la production de Fief de la compagnie 3B, Le Méta affrme son soutien aux nouvelles générations d’artistes. Adaptation du roman de David Lopez, sur la solitude de la jeunesse des zones périurbaines, cette première mise en scène est un beau geste collectif.

Ce n’est pas pour rien que naît, chez Janloup Bernard, Clarisse Bernez-Cambot Labarta et Etienne Bories, le désir d’adapter pour la scène le roman de David Lopez à un moment de solitude forcée, celui du premier confnement. Dans ce livre, écrit à la première personne, il est question d’une forme d’isolement : celle de la jeunesse de la banlieue dite « périurbaine », autrement dit vivant entre ville et campagne. À travers la voix d’un certain Jonas, c’est à l’ennui, mais aussi aux rêves de toute une partie de la population française, que nous donne accès cette première mise en scène.

Un solo très collectif.

Seul comédien de la toute jeune compagnie – Janloup Bernard est réalisateur et metteur en scène et Clarisse Bernez-Cambot Labarta, créatrice lumière –, Etienne Bories porte seul sur scène l’adaptation du roman qu’il a réalisée avec ses deux complices. Tous les trois signent aussi la mise en scène de la pièce. Cette dimension collective dit avec force le désir d’être ensemble et de lutter contre la distance imposée par la pandémie. En rassemblant leurs compétences diverses, les trois jeunes artistes affirment leur besoin de créer autrement, en dehors des hiérarchies éprouvées. Leur Fief est terre de partage, d’horizontalité.

/ Anaïs Heluin